Le syndrome du côlon irritable

, par Laurent Jacob

Médicalement parlant, le diagnostic de syndrome du côlon / intestin irritable (SCI) est porté si les 3 critères ci-dessous sont remplis :

  • Symptômes récurrents présents au moins 3 jours par mois au cours des 3 derniers mois, avec début des symptômes depuis au moins 6 mois.
  • Douleurs ou inconfort abdominal associés à au moins 2 des 3 caractéristiques suivantes : 1. Amélioré par l’émission de selles. 2. Modification de la fréquence des selles. 3. Modification de la consistance des selles.
  • Ces troubles ne sont pas imputables à d’autres maladies.

Les causes d’un intestin irritable recouvrent celles entrainant des perturbations de l’écosystème intestinal (la flore bactérienne) et de la perméabilité intestinale, c’est à dire la capacité de filtration / protection de la membrane intestinale.

Les investigations menées en fonction de l’importance des troubles comporteront outre une revue de l’histoire et du contexte personnel et émotionnel :

 Un bilan sanguin avec les marqueurs de l’inflammation (ferritine, VS, CRP, haptoglobine, orosomucoïde ...), les vitamines et minéraux clés, fer, zinc, cuivre, magnésium, vitamine B12 et acide folique ... à la recherche d’une malabsorption, un profil des acides gras afin d’évaluer le terrain inflammatoire.
 Toujours dans le bilan sanguin outre la recherche de marqueurs de la maladie cœliaque (anticorps anti-transglutaminase et anti-endomysium), la recherche d’allergies alimentaires (IgE) et (IgG), voire d’intolérance (FODMAP).
 Un examen des selles avec outre une recherche de sang et de parasites un test de calprotectine comme témoin d’une inflammation d’origine intestinale.
 Selon les cas, des tests respiratoires à la recherche d’intolérances au lactose, fructose et autres sucres fermentescibles.
 Toujours selon les circonstances : Échographie abdominale et coloscopie.

Options de traitement du syndrome du côlon irritable :

  • En raison d’une origine multifactorielle, seule une prise en compte globale incluant la gestion des stress et l’hygiène alimentaire ainsi que la recherche de fréquentes allergies / intolérances alimentaires sera efficace sur le long terme.
  • En outre, selon l’importance des symptômes et du contexte psychologique, des médicaments ou des plantes pourront le cas échéant aider (probiotiques, prébiotiques, enzymes digestives, spasmolytiques, laxatifs, relaxants ...).

La prise en compte d’éventuelles allergies alimentaires ou autres intolérances est incontournable bien que rarement sérieusement investiguées.

 Seule une partie des patients ayant un côlon irritable souffre de véritables allergies alimentaires mais les recommandations des médecins sont souvent discordantes ce qui ajoute encore à la confusion des patients.

 Enfin, dans la mesure où les tests d’allergies / intolérances alimentaires seraient négatifs ou encore que l’éviction ciblée des aliments auxquels le patient est intolérant ou allergique n’aurait pas donné les résultats attendus, il est licite de penser aux FODMAP !

  • Les FODMAP sont des sucres fermentescibles (engendrant des fermentations ... gaz) pour peu que nos enzymes digestives n’aient pas été assez efficaces avant leur arrivée dans l’intestin.
  • Ainsi, de nombreux patients souffrant d’un syndrome du côlon irritable ressentent une augmentation des symptômes après la prise de certains aliments tels les produits laitiers, le blé, les oignons, les haricots ... riches en FODMAP sans pour autant être allergiques.

Références scientifiques en Anglais :

 Stress and the gut : pathophysiology, clinical consequences, diagnostic approach and treatment options. J Physiol Pharmacol. 2011 Dec ;62(6):591-9.
Konturek PC1, Brzozowski T, Konturek SJ.

 Commensal bacteria (normal microflora), mucosal immunity and chronic inflammatory and autoimmune diseases. Immunol Lett. 2004 May 15 ;93(2-3):97-108.
Tlaskalová-Hogenová, Stepánková R, Hudcovic T, Tucková L, Cukrowska B, Lodinová-Zádníková R, Kozáková H, Rossmann P, Bártová J, Sokol D, Funda DP, Borovská D, Reháková Z, Sinkora J, Hofman J, Drastich P, Kokesová A.

 Fructose and lactose testing. Aust Fam Physician. 2012 May ;41(5):293-6. Barrett JS1, Gibson PR.

 The low FODMAP diet improves gastrointestinal symptoms in patients with irritable bowel syndrome : a prospective study. Int J Clin Pract. 2013 Sep ;67(9):895-903. doi : 10.1111/ijcp.12128. Epub 2013 May 23. de Roest RH, Dobbs BR, Chapman BA, Batman B, O’Brien LA, Leeper JA, Hebblethwaite CR, Gearry RB.

 Dietary fructose intolerance, fructan intolerance and FODMAPs. Curr Gastroenterol Rep. 2014 Jan ;16(1):370. doi : 10.1007/s11894-013-0370-0. Fedewa A1, Rao SS.