Mise en garde : Les zones d’ombre concernant la mise en évidence des allergies alimentaires par des tests sont encore légions et les milieux scientifiques et médicaux planchant sur la question loin d’être tous d’accord : Ceci aboutit à l’existence de nombreux "clochers" avec leurs dogmes respectifs ajoutant à la confusion ...
Cependant, malgré l’absence de certitudes il faut bien offrir des solutions aux problèmes ... Ne dit- on pas que Christophe Colomb a découvert l’Amérique en croyant longer la côte Africaine !!!
Ainsi loin de prétendre clore ce débat, cette page sujette à évolution résume quelques 20 ans de pratique dans le but d’aider chacun à se faire sa propre idée et à trouver son propre chemin sachant que toute vérité est transitoire ...
La notion de tolérance :
Le mécanisme par lequel le système immunitaire s’éduque dès la naissance puis entretient un certain état de tolérance variable vis à vis d’aliments n’est pas encore totalement élucidé mais joue un rôle majeur dans les phénomènes d’hypersensibilité. Ces mécanismes d’acceptation / tolérance évoluent tout au long de notre existence.
- Dans des conditions de perturbation de cette tolérance / perméabilité (la douane) intestinale, des fragments d’aliments incomplètement digérés (les brigands) passent "la barrière" et déclenchent la production d’IgG anti-aliments (les menottes).
- Cette altération de la barrière intestinale peut survenir dans des situations banales comme une infection (pas nécessairement symptomatique), de la fièvre, une consommation importante d’alcool, la prise d’antibiotiques, un gros stress y compris physique (par exemple course d’endurance) et évolue dans le temps avec l’âge ... Elle est normalement transitoire sauf dans les cas où les problèmes / mauvaises habitudes persistent ...
- Une nourriture trop monotone par exemple peut profondément modifier la flore intestinale et altérer la perméabilité / tolérance.
- Une image : Après un gros coup de soleil, de façon transitoire vous n’allez pas supporter le soleil aussi bien qu’auparavant ! L’érythème (la rougeur) est une bonne indication de la réaction individuelle à la dose reçue et cette réaction pourra varier dans le temps !
Mon expérience :
– Basé sur les résultats de ces tests (exemple typique de production d’IgG vis à vis de quelques aliments alors que les tests IgE étaient négatifs) la mise en place de périodes d’éviction transitoire des aliments identifiés a de bonnes chances d’améliorer les symptômes.
- Après quelques mois d’amélioration, la réintroduction progressive permet alors à chacun de tester son propre seuil de tolérance qui répétons le est strictement individuel.
- La tolérance / intolérance à des aliments dépend de la capacité enzymatique individuelle mais aussi en grande partie de l’équilibre de la flore bactérienne et de la perméabilité de la membrane. Le but de tout traitement ou régime doit absolument être de rétablir au maximum cet équilibre.
- Ces dosages permettent régulièrement d’éclairer des problématiques chroniques tels : fatigue, douleurs multiples et variées, blessures à répétition, inflammations chroniques, problèmes de la sphère ORL chroniques, peau et troubles digestifs de tout ordre ...
Lorsque les tests d’IgE sont négatifs (hypersensibilité immédiate), que les tests IgG alimentaires sont négatifs, alors il est plus que probable que la prise en compte des FODMAP ou encore des réactions à l’histamine apportent des solutions. Voir tableau d’aide à la recherche des causes.
Les controverses :
– Selon certains auteurs, la production d’IgG en réaction à un aliment serait une réaction normale qui pourrait même être un signe de bonne adaptation de l’immunité !
- Les choses sont plus complexes ! Il existe plusieurs catégories d’IgG (1,2,3 et 4). Elles ont des propriétés différentes notamment vis à vis de leur capacité à activer les médiateurs de l’inflammation. IgG4 aurait une action plutôt anti-inflammatoire alors que les IgG 1, 2 et 3 auraient une action plutôt pro-inflammatoire ce qui en fait les plus intéressantes à tester car ce sont elles qui seront à l’origine des symptômes.
- Selon mon expérience, la production d’IgG est bien une réaction de défense du système immunitaire et lorsque cette production est marquée, l’éviction temporaire de l’aliment en cause permet la plupart du temps d’améliorer les symptômes.
- Si cette réaction était normale alors on la retrouverait chez une majorité de personnes ce qui n’est pas le cas. Les résultats sont très variables d’une personne à l’autre avec souvent des points communs familiaux (mère, enfants).
– La production d’IgG vis à vis d’un aliment n’est pas constante dans le temps et cela prouverait la non fiabilité du dosage.
- Contrairement aux cas de production d’IgE où quelque soit le temps de l’éviction alimentaire, la re-consommation de l’aliment entraine nécessairement la réaction allergique, la production d’IgG est en quelque sorte "dose et fréquence" dépendante.
- Quelques mois d’éviction entraîne la diminution voire la disparition de la production d’IgG et l’aliment peut souvent être réintroduit selon une fréquence et une quantité strictement individuelles : C’est le seuil de tolérance différent pour chacun.
- Ceci à mon avis ne constitue pas une preuve de la non fiabilité des dosages IgG mais souligne simplement la très grande variabilité de la tolérance non seulement d’une personne à l’autre mais aussi chez une même personne en fonction du contexte.
Références, à la fois arguments pour et contre :
– Mise en garde contre le dosage des IgG anti-aliments. Reflète bien la position actuelle des sociétés d’allergologie mais ne colle pas à la pratique.
– Prise de position de la Commission de spécialité de la Société Suisse d’Allergologie et Immunologie (SSAI) sur les déterminations des IgG/IgG4 contre les aliments.. B. Wüthrich, PC. Frei, A. Bircher, E. Dayer, C. Hauser, W. Pichler, P. Schmid-Grendelmeier, F. Spertini, D. Olgiati, U. Müller.
– Human IgG Subclasses : Useful Diagnostic Markers for Immunocompetence. Published by Sanquin
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