Les troubles digestifs variés, le syndrome de l’intestin irritable ou du côlon irritable, les maladies inflammatoires intestinales, les allergies ou intolérances diverses sont en pleine expansion.
Le rôle clé de la perturbation de l’écosystème intestinal et du rôle de barrière de la membrane intestinale comme base commune à ces troubles est de plus en plus mis en avant.
Cet écosystème et la muqueuse intestinale sont le lieu clé de contact entre le milieu extérieur (les aliments) et intérieur (le sang une fois passée la membrane intestinale). C’est à ce niveau qu’a lieu l’assimilation de tous les nutriments apportés par l’alimentation et que s’opère le tri sélectif.
Dans la pratique quotidienne la prise en compte de la perturbation de l’écosystème intestinal et l’identification d’éventuelles allergies / intolérances ou autres facteurs de troubles de la perméabilité intestinale changent la vie de nombreux patients.
Une vue au microscope des microvillosités intestinales :
Communément appelées "bordure en brosse" dans les milieux scientifiques, les microvillosités intestinales sur cette image pourraient être comparée à un "gazon" !
On comprend mieux alors l’importance de l’écosystème avec les milliards de micro-organismes et bactéries impliqués ainsi que la façon dont les polluants, herbicides et insecticides peuvent détraquer cet équilibre subtil.
C’est justement de cet équilibre dont dépend la capacité de filtration de la membrane intestinale c’est à dire sa perméabilité (le poste de douane).
Perturbateurs de la flore et de la perméabilité intestinale
– Les mauvaises habitudes alimentaires : Sans même parler de la "mal bouffe" moderne, quelques principes basiques :
- Mastiquer ! la digestion commence dans la bouche pas dans l’estomac ... les enzymes salivaires sont essentiel dans le début de la digestion des sucres en particulier. Les dents doivent servir à quelque chose !
- Boire peu en mangeant. Trop de liquides nuit à la digestion en diluant les enzymes et en permettant d’avaler sans mâcher.
- Éviter les fruits crus en fin de repas. Préférer les fruits crus en dehors des repas ou en début pour éviter de favoriser la fermentation avec la production de gaz et d’alcool !
– Le stress : Nous ne digérons pas que de la nourriture ! Les facteurs psychologiques et sociaux ont une influence sur la perception des symptômes, les comportements plus ou moins de "santé" ou de maladies. Des évènements stressants majeurs sont souvent présents dans la genèse des troubles digestifs et responsables au moins en partie des symptômes par le biais de la perturbation de l’écosystème intestinal.
– Les allergies et intolérances alimentaires : Par exemple, les intolérances au gluten et au lait de vache sont en pleine expansion à tel point que certains parlent d’épidémie alors que pour d’autres, il s’agirait d’une nouvelle mode sans fondement. Or, le gluten et la caséine du lait sont justement parmi les aliments qui augmentent le plus la production de zonuline laquelle joue un rôle majeur dans la perméabilité intestinale.
– Les pesticides, herbicides et divers polluants : Le glyphosate par exemple, ingrédient actif du Round-Up, herbicide le plus utilisé au monde, porte atteinte à la flore bactérienne et donc à la perméabilité intestinale et ce de plusieurs façons :
- en perturbant la chaine des cytochromes, enzymes clés dans les processus de détoxication.
- en perturbant l’absorption ou l’utilisation de nombreux macro et micro éléments tels : manganèse, cuivre, fer, zinc ... justement importants pour l’écosystème intestinal.
- en perturbant les phénomènes de "tension de surface", absolument fondamentaux pour la communication entre les cellules.
Or de nos jours une très grande variété de produits alimentaires contiennent du blé et la plupart des cultures de blé non organique sont contaminées avec du glyphosate ... Des recherches pointent des corrélations avec l’explosion des hypersensibilités alimentaires et notamment de la maladie cœliaque...
– Par ailleurs, un des constituants majeurs du blé est la protéine gliadine qui est difficile à démanteler par les enzymes digestives (protéases très dépendantes de l’état de la membrane intestinale et de la capacité individuelle à les produire).
On comprend ainsi mieux que selon la capacité individuelle à produire les quantités nécessaires d’enzymes appropriées ainsi que les quantités et fréquences d’absorption de produits contenant du gluten (si fréquents de nos jours, il est aisé d’en consommer sous différentes formes 4 ou 5 fois par jour), alors les manifestations d’intolérances augmentent.
– Exercices physiques : Les troubles digestifs déclenchés par des exercices intenses ou d’endurance sont fréquents.
- L’une des raisons clairement identifiées porte un nom barbare : "le vol splanchnique" !
- Il s’agit en fait du détournement d’une trop grande partie du sang vers les muscles ce qui peut entrainer un manque d’oxygénation des intestins (appelée ischémie mésentérique) et de l’écosystème.
- S’en suit une souffrance de la membrane intestinale, de l’inflammation et une altération de la perméabilité pouvant conduire à des pertes de sang à bas bruit et à long terme ... source assez fréquente et ignorée des anémies chez les sportifs.
L’augmentation vertigineuse des perturbations de l’écosystème intestinal avec toute la gamme des troubles digestifs qui lui sont associés est à mettre en parallèle avec l’état de notre environnement. L’écosystème naturel dont nous faisons partie intégrante est en souffrance partout dans le monde et dedans c’est comme dehors !
Références :
– Quand l’intestin devient une passoire. Thierry Souccar Editions.
– Actualités scientifiques concernant l’entéropathie au gluten Dr Georges MOUTON.
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